Des habitants souvent bilingues

Le pays de Sierck est peuplé depuis la Préhistoire comme en témoignent les fouilles archéologiques sur les communes de Montenach et de Rustroff.
  Des populations celtiques ont occupé les hauteurs du pays. Des objets remontant au paléolithique ont été rassemblés au musée de la Tour aux Puces de Thionville.
  La ville de Sierck a été construite autour d’un château fort édifié sur un éperon rocheux situé au pied de l’Altenberg. Il permettait de surveiller le passage étroit en direction de l’Allemagne, tandis qu’un autre édifice militaire, le château de Meinsberg, actuellement appelé château de Malbrouck, construit au XVe siècle, contrôlait les hauteurs du pays sierckois. Il a été entièrement restauré en 1998 par le département de Moselle. Ce château doit son nom moderne au duc de Malbrough qui y avait installé ses quartiers lors de la guerre de succession d’Espagne entre les pays de la coalition (Empire, Angleterre, Pays-Bas) et l’armée française de Louis XIV. Le duc avait prévu d’envahir le royaume de France par la Moselle. En juin 1705, il s’installe au château de Meinsberg avec 100 000 hommes qu’il oppose à l’armée du Maréchal de Villars (50 000 hommes) installée sur l’Altenberg à Sierck. N’osant pas attaquer sans avoir reçu de renforts, Malbrough constate la désertion de ses soldats à la suite d’une carence en vivres. Au bout de 10 jours, il décide de s’en retourner vers Trèves sans avoir livré bataille.
  La ville de Sierck était aussi protégée par une longue muraille qu’on peut encore longer à l’est et aussi par la Moselle. Elle a été longtemps la résidence des ducs de Lorraine. En 1661 elle devint française à la suite d’un accord entre le roi de France, Louis XIV et le duc de Lorraine, Charles IV (Traité de Vincennes). Son château a été détruit puis reconstruit avant de devenir propriété de la ville et d’être classé monument historique en 1930.

   Sur le plan religieux le pays a été marqué par le catholicisme qui est à l’origine d’édifices architecturaux de la région (églises, cloîtres) ainsi que par la présence d’une importante communauté juive (ancienne synagogue juive détruite en 1945, présence de cimetières juifs au pied du château fort).

   Pendant longtemps, les habitants du pays de Sierck ont parlé le francique ou lothringer Platt c’est-à-dire une langue véhiculée par les Francs depuis le IVe siècle. Cette langue a été couramment parlée jusqu’à une époque récente bien que la langue officielle soit le Français depuis l’interdiction de l’usage du francique à l’époque de Stanislas Leczinski (1748).

Le Platt n’est ni un vulgaire « patois » ni un quelconque parler rural voué à la disparition certaine mais bel et bien une langue dotée d’un vocabulaire, d’une syntaxe et d’une grammaire..

La Moselle de A à Z de Jean-François THULL , Edition Du Quotidien.

  Le francique a régressé depuis 1945 à la suite d’une répression exercée par l’école publique contre les enfants parlant cette langue à l’école. Actuellement des initiatives privées sont lancées pour tenter d’enseigner le francique, en particulier aux travailleurs français exerçant leur profession au Luxembourg.

L’ancien château de Malbrouck